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Attentats, tueries… Face à mes peurs je ré-agis !

Attentats, tueries… Face à mes peurs je ré-agis !

Je ne regarde plus la télévision depuis très longtemps, à vrai dire je ne l’ai jamais vraiment regardée. Quelques séries par-ci par-là, un film ou reportage de temps à autre, enfin à peine de quoi la dépoussiérer de temps en temps. Et pourtant, comme beaucoup, je me suis retrouvée ce soir du 14 juillet 2016, les yeux rivés sur elle. Elle, qui est devenue à ce moment-là source de toute mon attention, alimentant mes émotions à grands renforts d’images, de mots martelés, de maux exposés, me maintenant haletante dans un suspens sans fin, m’injectant directement dans mon cerveau des pensées prémâchées qu’il me restait juste à ingérer sans prendre soin de les digérer.

Et me voilà, telle une esclave soumise à cette dictature de l’image, en oubliant presque ma propre pensée, comme hypnotisée devant ce flot continu d’informations, me voilà développant un sentiment de peur, d’insécurité, passant tour à tour de l’horreur à la tristesse, de la colère à la stupeur. Bref, me voilà lobotomisée… Et sur le point de faire un remake du Cid de Corneille, hurlant mon « ô rage ! ô désespoir ! » une lueur de lucidité m’extirpe enfin de cet objet de malheur et dans un sursaut de conscience j’en saisis la télécommande et mets fin à ce lavage de cerveau.

Toute troublée, je reste là, assise sur mon canapé. Mais que s’est-il passé ? Je me rends compte qu’il est 3h du matin, que j’ai passé la moitié de la nuit dans un état de transe, que je suis chamboulée, confuse et que j’ai du mal à organiser mes idées… Normal, pendant des heures les journalistes ont fait appel à mon cerveau « émotionnel », m’offrant un assortiment d’émotions, toutes plus intenses les unes que les autres, et court-circuitant mon cerveau « rationnel », celui capable d’analyser, de décortiquer, de critiquer. Une psychologue experte dans le traumatisme expliquait justement au sujet de l’attentat de Bruxelles, que la personne spectatrice de ces chaînes d’info avait son cerveau qui fonctionnait en mode « trauma »*. C’est dire l’impact des médias !

Alors oui, j’avoue, j’ai eu une montée d’angoisse, un sentiment d’insécurité qui s’est développé à ce moment-là, et j’ai eu très peur de cela ! Oui peur de ma propre peur… Peur car je connais les conséquences de cette émotion et j’en vois les dégâts quotidiennement dans mon cabinet. Peur car je sais à quel point une personne en prise avec ce sentiment s’éloigne de tout raisonnement. Peur car je mesure les conséquences à une échelle plus grande, sur la société et le vivre ensemble. Et c’est pourquoi j’ai souhaité agir immédiatement.

Oui, AGIR ! Car face à la peur je PEUX agir ! Je dirai même que face à la peur je DOIS agir ! La posture passive, de spectateur est bien plus traumatisante que celle de celui qui agit. Lorsque l’on subit, on intègre l’information au niveau émotionnel et du coup elle ne va pas être traitée correctement. Elle va donc rester-là comme bloquée, et tourner en boucle. Au mieux elle sera conscientisée et la personne ressassera, au pire elle sera refoulée et agira comme un parasite, causant des troubles dont l’origine ne sera pas forcément identifiée. Lorsque j’agis j’utilise une autre partie du cerveau : celle chargée de traiter l’information. Je digère donc au fur et à mesure les données qui m’arrivent et j’évite les « bugs » et autre « court-circuit » qui inscrivent durablement le traumatisme.

Et il n’y a pas de petites actions, juste des actions. Par exemple, je peux aller à la recherche de l’information, me renseigner, consulter différentes sources, ne pas consommer les médias mais plutôt les utiliser pour me faire ma propre opinion. Si j’ai peur du rejet, de la stigmatisation, je peux faire en sorte d’être encore plus présent(e), de me faire connaître, d’aller à la rencontre de ceux qui pourraient me juger par ignorance, de faire des choses pour marquer ce pas que je fais vers l’autre. A l’inverse, si c’est l’autre qui m’inquiète, alors je peux chercher à mieux le comprendre en apprenant à le connaître, en m’intéressant à lui, en le questionnant. Je peux ainsi agir à différents niveaux, déjà en travaillant sur moi, mes pensées, mes comportements, en modifiant mon attitude envers les autres, en transmettant à mes enfants, mes proches, mon entourage personnel et professionnel, ensuite en agissant à plus grande échelle en militant, m’engageant dans des actions collectives et citoyennes, en éduquant…. Bref, chacun à son niveau peut agir, avoir le sentiment de jouer un rôle, aussi infime soit-il, de se sentir appartenir à cette systémie qui permet que chaque action ait des conséquences sur un ensemble bien plus grand. Quand j’agis je ne suis pas en contact avec mon émotion, je la mets à distance, je ne la subis pas. Au contraire, je peux même l’utiliser comme un moteur me donnant encore plus de motivation et de force dans l’action. En outre, le fait de me sentir utile, même à un moindre niveau, m’ôte le sentiment d’impuissance qui lui-même entraîne la colère. En effet, la colère est souvent la résultante d’une frustration, la frustration de ne rien pouvoir faire justement. Donc en agissant je reprends une forme de contrôle, je ne subis plus, je suis acteur, et je combats donc du même coup la colère et la peur. Ne cherchez pas à ne plus avoir peur, cherchez plutôt à la dépasser. Le courage n’est pas de ne pas ressentir la peur, le courage c’est de continuer malgré sa peur.

Et je vous laisserai sur ces quelques mots de Beaumarchais : « Quand on cède à la peur du mal, on ressent déjà le mal de la peur. »

Géraldine Alana, thérapeute
(www.developetvous.fr)

*http://television.telerama.fr/television/lors-des-attentats-les-chaines-d-info-fonctionnent-comme-un-cerveau-traumatise-marianne-kedia-psychologue,140140.php?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1468572907

 

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1 commentaire

  1. abedi

    Je vous remecie de partager avec nous cette information de la tuerie des innocents en france et les mesures
    des extremistes de se venger contre n’mporte quel musulman vivant dans ce pays.
    Nous,nous croyons qu’on ne peut pas eradiquer la violence par une autre violence.
    Nous condamnons tous ces tuieries.Un jour vienrda sans doute ou nous vivrons en paix sur cette terre.
    Amin
    Abedi

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