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L’instruction en famille : si on en parlait ?

L’instruction en famille : si on en parlait ?

C’est un sujet assez controversé mais qui mérite que l’on s’y attarde. L’instruction en famille n’est pas une nouveauté puisque avant l’avènement de l’institution scolaire que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’Éducation Nationale, les familles se chargeaient elles-mêmes d’instruire leurs enfants ou payaient un précepteur. Il était courant que les apprentissages se fassent par « voir-faire et ouïe-dire » dans toutes les couches de la société (laboureurs, artisans, nobles). Luc Ferry, ancien ministre de l’Éducation Nationale, Agatha Christie auteure renommée ou Margaret Mead, anthropologue faisaient partie des instruits en famille pour ne citer qu’eux.

C’est une pratique assez courante dans les pays anglo-saxons. En effet, la première explication serait la violence dans les établissements scolaires, et le choix de conserver une éducation religieuse comme c’est le cas aux États-Unis. Cependant l’instruction en famille est interdite en Allemagne et dans quelques pays européens tel que la Suède. En France, il s’agit d’une pratique légiférée par la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : « les parents, ont par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ». Les raisons de ce choix en France sont nombreuses. Elles sont souvent le fruit d’une représentation ou d’une expérience négative de l’école. Selon certaines familles, l’école ne respecte pas le rythme naturel de l’enfant, elle serait contre-productive.

Comment se déroule l’école à la maison ?

Il existe autant de façons d’instruire que de familles. Certaines emploient quasi les mêmes méthodes que l’école et les mêmes contenus voire plus strict que l’école elle-même. A l’autre extrême, nous avons des familles qui laissent vivre leurs enfants au gré de leurs envies. L’éventail est donc large… On distingue alors les apprentissages scolaires des apprentissages informels durant les sorties, visites, les achats occasionnant des situations d’apprentissage. L’organisation la plus couramment utilisée est faire « classe » le matin (les apprentissages étant mieux assimilés) et les activités l’après-midi.

Ceci étant, les parents qui font le choix d’instruire leurs enfants doivent faire une double déclaration : à la mairie et l’inspection académique à chaque rentrée scolaire. En dehors des démarches administratives, ce choix doit être mûrement réfléchi car il en va du bon développement global de l’enfant.

Plusieurs aspects sont à prendre en compte, les parents devront alors bien définir l’objectif d’une telle démarche. Se poser les bonnes questions s’avère indispensable : pourquoi, comment, où, avec quels outils, pour quel résultat ?

L’objectif

Beaucoup diront « c’est pour le bien-être et l’épanouissement de mon enfant ». Il peut encore s’agir d’une inadaptation de l’enfant à l’école, de l’envie d’explorer des univers auxquels l’école ne donne pas accès, des pédagogies nouvelles (Montessori, Steiner, etc…) ou d’un projet de voyage pour découvrir le monde etc.

Être disponible

Cette pratique implique de se donner les moyens d’assumer cette grande responsabilité qu’est l’instruction. Il est nécessaire de se doter des moyens de le faire. Un parent qui instruit son enfant doit se rendre disponible assez longtemps et fréquemment, du moins jusqu’à ce que l’enfant soit assez autonome pour être capable d’aller chercher l’information par lui-même. C’est aussi un choix de vie conjugal, car c’est souvent un parent qui prend en charge la quasi totalité de l’instruction.

Avoir confiance en ses capacités

Instruire ça ne s’improvise pas, il y a beaucoup de préparation et de recherches en amont. Pour les familles de plusieurs enfants, une fois que les supports de « cours » sont prêts cela peut resservir aux suivants. Cependant, la meilleure façon de partager un enseignement c’est de s’en sentir capable et convaincu. C’est pour cela qu’il faut avoir les idées claires sur ce que l’on fait et savoir exactement où on va. Mais cela s’acquière avec l’expérience. Ce qui marche pour certains ne fonctionne pas pour d’autres et vice versa.

La « classe »

En général, la classe se fait au domicile familial dans une pièce dédiée pour ceux qui ont de l’espace. Pour d’autres c’est la table du salon ou de la cuisine qui fait office de pupitre pour les leçons. Pour ceux qui sont à l’étroit, les apprentissages et activités à l’extérieur peuvent pallier à ce manque d’espace.

Les méthodes

Un apprentissage se fait par étape, il y a une progression à respecter. Il est important d’être conscient de cela. Sauter des étapes serait dommageable pour l’enfant qui butera sur des notions qui ne sont pas encore à sa portée. Là encore, quelle que soit la méthode choisie, elle doit être adaptée aux objectifs initiaux et faciliter au mieux l’atteinte de ces objectifs. Certaines personnes sont fidèles à une méthode précise alors que d’autres picorent des idées dans différents supports et/ou pédagogies. L’essentiel étant d’enrichir au maximum l’environnement de l’enfant pour lui permettre de franchir les étapes d’apprentissages de manière ludique et en douceur.

Quid de la socialisation ?

Cette question revient souvent dans les discours anti-IEF, les enfants instruits à domicile, selon eux, seraient coupés du monde. Cela peut être vrai pour certaines familles, mais pour d’autres la socialisation est bien meilleure sans école, une maman nous confiait : « mes enfants rencontrent des gens de tous âges donc ils sont plus socialisés que n’importe quel enfant scolarisé ». Une étude (1) sur ce point, publiée dans le Home School Researcher conclut que les enfants non scolarisés ont une meilleure image d’eux-mêmes que les groupes d’enfants scolarisés étudiés (…) et qu’ils ont moins de problèmes de comportement en groupe que les groupes scolaires étudiés.

Finalement, la fonction de l’éducateur est d’accompagner l’enfant vers ce qu’il veut être. L’aider à développer sa personnalité et ses compétences naturelles lui rendront un fier service. Combien d’adultes se sont vu couper les ailes avant même d’avoir appris à voler ? Ces mêmes qui rêvaient d’un avenir auquel leurs parents ne croyaient pas ?

Dans la foi musulmane, on insiste sur le fait que l’individu a une obligation de moyens, le résultat ne lui appartenant pas. Cependant nous disposons d’un outil précieux qui est l’invocation du Très Haut. Un outil disponible en illimité… alors pourquoi s’en priver ?

Ecrit par Sabah HK

Parentalité conseil et formation coaching scolaire
Objectif Réussite

 

1 Il s’agit d’une étude dans les pays Anglos saxons , en France nous n’avons pas d’études existantes sur ce sujet.

A propos de l'auteur

7 commentaires

  1. Marie

    Article bien complet machaALLAH, ayant fait l’école à la maison pendant des années je reconnais la justesse des propos. On trouve de plus en plus d’articles mettant en avant les côtés positifs de l’IEF, c’est très bien mais je pense qu’il faudrait de temps en temps parler du quotidien réel, plein de soeurs se lancent en pensant que tout va être rose ce qui n’est évidement pas le cas, comme pour tout dailleurs. En tous cas bienvenue à la nouvelle chroniqueuse, Ahly sait décidément bien s’entourer, hâte de découvrir ses prochains articles.

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    • Sabah HK

      Salam alaykom,
      Merci pour votre commentaire 😉 comment ça c’est passé pour vous? quel âge ont vos enfants ?

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  2. stephanie

    As salam aleikoum.
    Machallah article complet qui fait vraiment le tour de la question sans idéaliser ou déprécier.
    Il y a une phrase qui m’a beaucoup plu :

    « Finalement, la fonction de l’éducateur est d’accompagner l’enfant vers ce qu’il veut être. L’aider à développer sa personnalité et ses compétences naturelles lui rendront un fier service »

    en effet dans une classe de 25 élèves ou plus, il est impossible de mettre en valeur les goûts personnels, les capacités de chaque enfant, il est obligé de suivre le groupe.
    Au plaisir de te lire incha Allah

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  3. Najette

    Un article très complet qui donne envie de se lancer dans l experience de l’école à la maison …
    On peut même aller plus loin dans la reflexion
    … pourquoi pas s associer à une autre maman ayant le même desir et partager les apprentissages….
    Félicitations à la nouvelle chroniqueuse hate de la lire à nouveau.

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  4. Samia de My Deen

    Salam. Superbe article mashaAllah. Nouvelle maman, ces lignes me rassurent sur mes positions quant à l’IEF, en espérant pouvoir être un jour un bon « éducateur » inshaAllah 🙂

    Et bienvenue dans l’équipe Sabah !!! 😉

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  5. Sabah HK

    salam alaykom

    Je vous remercie de cet accueil chaleureux, je ne compte pas ranger ma plume de sitôt. J’espère que vous apprécierez tout autant mes prochains articles 🙂

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  6. Sevin

    Selem aleykom

    Merci de nous avoir fait ce synopsis
    article très clair et sujet qu’il ne faut pas prendre à la légère.
    Au plaisir de te lire à nouveau!

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