Sélectionner une page

Le jeûne du cœur et du corps : bienvenue à toi Ô mois de Ramadhan

Le jeûne du cœur et du corps : bienvenue à toi Ô  mois de Ramadhan

Ecrit par Louisa Hendaz

 

Chercher à connaître Allah c’est se préoccuper du but pour lequel on a été créé et s’en détourner revient à négliger ce but. La vraie foi ne se limite pas seulement aux paroles ; elle implique la connaissance par le serviteur de son Seigneur, de par Ses Noms et Ses Attributs.
Le Prophète (PSL) a dit : « Jeûne le mois de la patience (Ramadhân) et trois jours de chaque mois, cela éloigne les mauvais sentiments du cœur. » (Cf. Bukharî).

I. çiyâm et Ramadhân ?

a) çiyâm :
Allah nous enseigne dans le verset célèbre (Cor. 2/183) : « O vous qui avez cru ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à vos prédécesseurs, ainsi atteindriez-vous la piété ».
Çiyâm est le nom verbal de çâma, s’abstenir de (kaffa) de même que çawm (maçdar) signifiant à quelques nuances près la même chose. Dans ce verset çiyâm signifie s’abstenir de ce dont Allah a défini comme tel. Ceci étant il est parfois usité dans d’autres contextes tel que çâma ‘an al-kalâm pour quelqu’un qui s’abstient de parler. C’est ainsi que dans le Coran (19/26) où Maryam dit : « J’ai voué au Tout-Puissant un çawm » cela ne signifie pas un jeûne mais une abstention de paroles, un silence (çamt). D’après Abû Hurayra le Prophète (PSL) a dit : « Que celui qui croit en Allah et au Jugement Dernier parle donc sagement, ou qu’il se taise… man kâna yuminu billah wa lyawmil akhir falyaqûl khairan aw liyaçmut) » (Cf. Bukharî et Muslim). Mettre en veille, en mode silence ses membres afin d’écouter ses sens et les orienter vers la méditation, l’adoration d’Allah.

b) Le mois de Ramadhân :
Le mot de Ramadhân vient du terme « ramad » qui signifie soit la chaleur qui réchauffe la pierre soit une fine pluie d’automne qui nettoie la poussière. La racine du mot ramida signifie « être brûlant » (soleil). Ainsi une des raisons pour laquelle ce mois s’appelle Ramadhân c’est car il brûle les péchés. Selon Abû Hurayra (R), le Prophète (PSL) a dit : « Quiconque jeûne le mois de Ramadhan poussé par sa foi et dans l’espoir de la récompense divine, Dieu l’absout de tous ses péchés passés ». Durant ce mois tout le corps est convié au jeûne et pas seulement son tube digestif et ses organes intimes. Chaque organe a une abstinence qui le caractérise dans une fonction propre : la langue, les yeux, les oreilles… Il façonne les personnalités socialement et culturellement1.

II. De l’abstinence à l’abondance du bien.
L’abstinence consiste certes à ne pas consommer ni boire et ni avoir des rapports charnels (pourtant autorisés en dehors des instants de jeûne) mais cette abstinence a pour objectif d’éduquer les cœurs vers le véritable sens de l’abstinence qui est de remettre sa confiance en Allah, de renoncer à l’ostentation et aux futilités de la vie afin d’en comprendre les véritables objectifs. Ramadhân est un mois d’effort pour retrouver le sens de l’effort. L’abstinence génère des tensions intérieures au corps et c’est l’esprit du jeûne qui éduque à la patience telle une résistance.

L’observance de l’abstinence :
Physiquement on s’abstient de manger, de boire, on reste chaste de l’aube au coucher du soleil. Psychologiquement on corrige ses mauvaises habitudes, on s’abstient de se mettre en colère, d’être vulgaire, impatient, avare, médisant, de soustraire son regard de tout ce qui est blâmable ; et enfin on se maîtrise lors de la rupture du jeûne le soir venu sans excès. D’après Abû Hurayra le Prophète (PSL) a dit : « Pendant le Jeûne, vous ne devez pas vous laisser aller à des discours obscènes ou à des violences de langage. Si quelqu’un vous insulte ou vous cherche querelle, répondez-lui : je jeûne ». La nourriture des corps n’est pas identique à celle des cœurs. Cependant les deux sont liés et s’influencent mutuellement. Une des particularités du jeûne c’est le non-agir à travers l’abstinence ou de la contenance. Ceci pourrait signifier un non-sens mais au contraire ici la non-action devient le canal de la dévotion pour converger vers les ultimes objectifs que sont la piété, la satisfaction d’Allah et la générosité. Le Prophète (PSL) avait le meilleur des comportements tout le temps, mais redoublait d’effort pendant Ramadhân appelé le mois de la compassion. Ainsi le jeûne permet la tempérance : il nous aide à réprimer la concupiscence de la chair, il nous aide à libérer notre esprit des œuvres terrestres pour nous livrer à la contemplation des vérités éternelles vers l’abondance du bien et l’effacement des péchés.

III. L’abondance du bien comme vecteur d’Excellence
Rapporté par Muslim, le Prophète (PSL) a dit : « Toutes les œuvres du fils d’Adam voient se multiplier la valeur de leur salaire. La bonne action est payée par dix à sept cents fois sa valeur. Allah dit : « Sauf le jeûne. Il est pour Moi et c’est Moi qui en donne la récompense. Il renonce en effet à cause de Moi à ses désirs charnels et à son manger ». Allah donne au croyant la possibilité de jeûner 2 jours en 1 ; 3 jours en 1 ; 100 jours en un. Comment ? En nourrissant un ou plusieurs jeûneurs. Quelle Miséricorde !

a) Ce jeûne qui élève les croyants
Lorsque l’être humain mange il appelle son corps vers la terre : le mouvement est descendant. Alors que lorsqu’il lit le Coran, qu’il prie ou invoque Allah il appelle son âme vers le ciel : le mouvement est ascendant. Le Coran est une âme qui parle aux âmes, une maison sans lecture du Coran n’est-elle pas semblable à une ruine ou une tombe ? Ainsi le jeûne est un moyen pour éteindre et mettre en veille sa bestialité au bénéfice de sa nature angélique.
Si une personne ne jeûne pas car elle est malade ou dans l’impossibilité ponctuelle de jeûner, elle ne doit pas pour autant exagérer en mangeant au point de ne plus pouvoir respirer ni méditer ! Ces moments sont l’occasion pour le musulman de s’éduquer conformément à l’enseignement de notre Prophète Muhammad (PSL) qui nous apprend comment manger au quotidien (1/3 pour l’eau, 1/3 pour l’air et 1/3 pour la nourriture). Et quant au jeûneur il ne doit en aucun cas déséquilibrer son processus d’élévation spirituelle en mangeant tout azimut le soir. La modération et l’équilibre culinaire seront de règle. Cette agression violente corporelle peut provoquer un court-circuit spirituel. Justement un des buts rechercher pendant ce jeûne est de gouter à la privation.

IV. Ramadhân : un mois qui nous surpasse.

L’être humain grandit et évolue en fonction du temps. Ainsi, le Ramadhan épouse la condition humaine et lui laisse le temps de prendre conscience qu’il a une mission à accomplir au fil des étapes de ce mois béni pour atteindre la piété. L’état de mise en veille généré par le jeûne permet certes de puiser dans ses ressources enfouies afin de les régénérer en forces positives et endormir les penchants négatifs (avec lucidité, cohérence) car certes que le cœur de l’homme est pétri dans le bien et le mal.

a) Le mois de Ramadhan fait surgir la face spirituelle de l’homme.
L’expérience démontre que les aveugles ont souvent une meilleure mémoire que ceux qui voient, et que certains de leurs sens sont plus développés que ceux des hommes ayant le plein usage de leur vue. Si certaines capacités demeurent sans emploi, elles peuvent, d’une certaine manière, aider à en renforcer d’autres. Il en est de même dans les rapports entre l’âme et le corps : en affaiblissant le corps par l’abstinence, on raffermit l’âme. Par le jeûne, la conscience est élevée en présence du mal mieux maîtrisé, et on résiste mieux aux tentations. C’est l’excès d’animalité à travers la nourriture, la boisson et un abus des plaisirs de la chair qui empêche la nature angélique de l’homme d’émerger.

couv n6mini

Article tiré du numéro 6 : dossier spécial Ramadhan Alimentation : entre santé et danger

b) Le moment  « t » pour se hâter dans la rupture du jeûne
Les effets du jeûne sur le jeûneur interagissent tout au long de la journée au point où l’ultime moment de rompre le jeûne devient un lieu d’invocation où notre Créateur Généreux exauce nos prières sans relâche. Un moment où l’on se rend compte que pouvoir jeûner est finalement un privilège, un cadeau d’Allah dont on ne mesure pas l’étendue. Imaginez-vous le jeûneur au moment de la rupture ô combien tout son être se régénère pour glorifier son Seigneur ? L’adoration d’Allah se fait à travers tous les membres. Chacun d’eux glorifie Allah alors qu’on ne le sait même pas sachant que le Jour des Comptes nos membres témoigneront pour ou contre nous. Chaque soir le musulman redonne l’énergie nécessaire et suffisante à son corps telle une renaissance (suite à cet état de mortification).

V. Conclusion
Le corps est une maison où réside l’âme, le corps est une monture où l’âme est le cavalier ; et la maison comme la monture est au service de l’âme et non l’inverse.

A propos de l'auteur

1 commentaire

  1. Marie

    Vraiment très bel article machallah, Barakallahoufik!

    Réponse

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Pin It on Pinterest

Shares
Share This