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Mon enfant est « dys » férent

Mon enfant est « dys » férent

Après avoir testé le système de notation durant de nombreuses années à l’école primaire, les fameuses notes sur 20, aujourd’hui dans de nombreux établissements, les élèves ont des « grilles de compétences ». Pour les parents que nous sommes, il faut comprendre que désormais à la fin de chaque cycle, nos enfants sont censés apprendre et acquérir une compétence précise. En réalité, il y a une centaine d’items à valider pour passer au cycle suivant. L’apprentissage scolaire répond donc à des critères et règles précises qui laissent peu de place à la singularité. Article écrit par Rokiyah Hosen, psychomotricienne.

Que se passe-t-il quand un enfant n’a pas acquis ces fameuses compétences ?

Il ne rentre pas dans le « moule » et risque d’être à la fois mal perçu par ses camarades mais aussi par les adultes qu’il côtoie : instituteur et même parents !

Il est important de préciser que la pédagogie est rarement remise en cause puisqu’elle fonctionne sur d’autres élèves, et qu’une éventuelle pathologie (oh le vilain mot) est encore moins soulevée ! C’est dans le cadre des difficultés scolaires voire d’échecs que je rencontre mes jeunes patients pour un premier bilan psychomoteur. Cette évaluation permet de mettre en relief les capacités et les difficultés d’un enfant. Justement quelles sont-elles ?

Mon enfant a des difficultés à l’école

instruction alternative

Notamment au niveau de l’apprentissage de certaines disciplines comme lire, écrire et calculer. Il a parfois du mal à se concentrer, il est maladroit et se fatigue relativement vite. Pourtant, il ne semble pas avoir de retard intellectuel, ni d’handicap physique …

Comment l’expliquer ?

Ces difficultés scolaires peuvent être le reflet d’un trouble des apprentissages global ou partiel. Ainsi, elles touchent plus ou moins l’ensemble des acquisitions ou parfois un seul domaine du développement moteur, intellectuel ou affectif. Elles ont des explications aussi bien biologiques, physiologiques que psychologiques. Mêmes si ces difficultés sont innées, elles sont souvent repérées lorsque l’enfant entre à l’école.

Ne s’agit-il pas seulement d’un retard ?

Parfois oui, certains enfants ont en effet besoin d’un certain temps avant d’assimiler les apprentissages scolaires. Il est donc possible de parler de retard lorsque la situation est provisoire et que les acquisitions s’équilibrent par la suite naturellement ou bien avec un accompagnement adapté à la maison et à l’extérieur.

Il s’agit peut-être d’un trouble « dys – quelque chose » ?

Pour les autres, soit un peu moins de 8% d’enfants en France selon la FFD [1], il peut s’agir alors de trouble des apprentissages dans lequel sont regroupés les troubles communément appelé « dys » :

  • dyslexie (trouble spécifique du langage écrit notamment la lecture)
  • dysorthographie (trouble du langage écrit et de l’autonomisation de l’orthographe)
  • dysphasie (trouble du langage oral)
  • dyscalculie (trouble des activités et habiletés numériques)
  • dysgraphie (trouble du geste graphique)
  • dyspraxie (trouble du développement moteur et gestuel)

De plus, il est à noter que les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) sont également compris dans les troubles des apprentissages scolaires.

Ils ont tous en point commun l’absence de problème sensoriel comme la vue ou l’ouïe qui pourrait expliquer leur difficulté.

Certains enfants sont confrontés à une association de plusieurs troubles et sont parfois appelés « multidys » : à la fois dyspraxique, dyslexique et dysgraphique par exemple.

Qui doit-on consulter ?

Une fois que certains troubles ont été dépistés le plus souvent par l’école ou vous-même, votre médecin traitant peut demander qu’un diagnostic fiable et précis soit posé par une équipe pluridisciplinaire, chacun des professionnels étant compétent dans leur domaine. Ce bilan peut donc faire appel au neuropsychologue, psychologue, orl, ergothérapeute, ophtalmologiste, orthophoniste et psychomotricien en fonctions des symptômes de l’enfant.

En effet, en cas de difficulté de langage, nous pensons plus aisément à l’orthophoniste alors qu’en cas de motricité ou d’écriture perturbées, le psychomotricien est appelé en premier.

Au final, c’est le pédopsychiatre qui synthétisera les différents bilans pour ensuite poser le diagnostic.

Que faire ensuite ?

Ces troubles sont certes durables et ne se guérissent donc pas,  mais avec une bonne prise en charge thérapeutique, rééducative et pédagogique, le quotidien peut être amélioré. Il est possible alors de favoriser l’émergence de potentiels insoupçonnés.

Un suivi en rééducation

Les rééducateurs quels qu’ils soient, orthophonistes, ergothérapeutes ou psychomotriciens sont des professionnels du soin. Leurs savoir-faire permettent alors de détecter les difficultés mais aussi les compétences préservées des enfants sur lesquelles ils s’appuieront pour faciliter les apprentissages scolaires.

Par exemple, le rôle du psychomotricien étant de mettre en jeu le corps de son patient afin qu’il puisse l’utiliser comme un outil d’expression, il va alors lui proposer une multitude d’expériences corporelles à vivre ainsi que différentes méthodes et stratégies pour faciliter son apprentissage et exploiter par la suite ses connaissances.

Pour le bien être de l’enfant, il est nécessaire qu’un partenariat s’établisse entre l’équipe de soins en rééducation et l’équipe pédagogique.

Un suivi à l’école

Par ailleurs, des aménagements scolaires et adaptations pédagogiques sont possibles aussi bien au niveau matériel et aide humaine selon la demande et les difficultés :

  • PAP (Plan d’Accueil Personnalisé) à destination des enfants concernés par les troubles des apprentissages sur proposition du conseil des maitres ou du conseil de classe ou encore à la demande de la famille ;
  • PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) en cas de situation de handicap même léger, qui a été demandée auprès de la MDPH [2];
  • PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Éducative) lorsqu’il y a une maîtrise insuffisante de certaines connaissances et compétences.

Oui, l’enfant a des difficultés scolaires et parfois, il aura besoin que son entourage se rappelle que ce n’est pas de son dû, qu’il n’est pas paresseux. Avec la mise en place d’un des plans cités, l’adulte reconnaît que l’enfant a besoin d’avoir un accompagnement adapté.

Pour suivre Rokiyah sur Instagram, c’est par ici.

[1] FFD : Fédération Française des Dys

[2] MDPH : Maison Départementale des Personnes Handicapées

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