Sélectionner une page

Sites de rencontre : une illustration de la difficulté à trouver sa moitié

Sites de rencontre : une illustration de la difficulté à trouver sa moitié

Hakim Musashi nous livre sa réflexion sur le défi qu’est de trouver sa moitié de nos jours au travers de l’exemple des sites et applications de rencontres.

Virtuel, mais bien réel. Réalité virtuelle. Elle et lui, et tac ! Éthique, licite, droit, ou pas ? Site, deux rencontres. Rencontrer, chercher, trouver, discuter, échanger, changer ? Moi ou l’autre ? Épris, dans le tourbillon de la modernité, multiplicité, instantanéité, smart(?)phone. Super ! (… ficiel ?). Amour, eux, âme sœur, sentiment, raison, le couple (idéal). Tels sont les mots-clés que j’ai choisis pour ouvrir la porte d’une expérience.

L’expérience d’un gars, d’un « Musulman pratiquant » qui souhaite trouver sa moitié, il souhaite se marier, atteindre la complétude, pour d’autres il voudrait simplement se caser. Bref, vous m’avez compris… Il s’agit ici à la fois d’un retour d’expérience et le témoignage d’une réalité sociale chez les chercheurs d’âme sœur, musulmans ou non d’ailleurs.

Au passage, tout ressemblance avec des évènements de la vie de l’auteur de cet article serait purement fortuite. 😉

Sites de rencontres : Témoignage d’une réalité sociale

Revenons à son histoire… Arrivé à un certain âge, autour de la trentaine, ce besoin de se caser / marier / s’accomplir spirituellement s’accentue, la solitude se manifeste avec plus d’insistance. Le corps nous réclame l’amour, le cœur nous le susurre et notre âme fait des vagues, quand ce ne sont pas des tsunamis.

Or il arrive que les relations sociales se raréfient avec le temps, la vie nous coupe de certains amis, la famille s’atomise, des épreuves peuvent provoquer solitude ou isolement. Et là paf ! Le monde virtuel nous attrape, les fameux « réseaux sociaux ».

Brusquement ces environnements virtuels deviennent notre réalité, malgré nous. Notre brave gars en vient donc à se poser des questions : « Tiens, et si j’utilisais ces outils virtuels pour trouver l’âme sœur ? ». Des questions surgissent : « Est-ce véritablement efficace ? Trouverais-je des personnes sérieuses à travers Destin.fr ou l’application UneFois ? Est-ce compatible avec mes valeurs éthiques ? ».

Levée de bouclier de la part de certains pratiquants musulmans (trop ?) attachés à la Loi et probablement déconnectés d’une certaine réalité, celle de la difficulté de former un couple, et encore plus un couple qui dure… Il est si facile d’interdire, notamment cette méthode de rencontre qu’ils jugent incompatible avec l’éthique islamique, mais ces personnes ne vous donneront que rarement des solutions… D’autres lui conseillent de « foncer », « dans la quantité tu auras plus de chances de trouver une femme de qualité ». Il se dit que son intention est claire, il n’a rien à se reprocher donc, c’est parti !

QUI SUIS-JE AU JUSTE ? Ou comment remplir son profil…

Notre chercheur se lance dans le remplissage de profil, comment se décrire, que doit-il y inscrire ? La plupart ne s’embarrasse pas de tout cela, des photos uniquement pour certaines applications comme UneFois, mais… se limiter à l’apparence, ça le gêne. Son esprit cartésien l’oblige à enrichir progressivement sa description, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas, sa personnalité, etc. Au delà de l’exercice intellectuel qui enlève à l’action toute sa poésie, il faut tout de même souligner le travail de questionnement sur soi que cela implique. Il cerne mieux ce qu’il veut. Mais ce qu’il désire, est-ce bien ce qu’il lui faut ? Bon O.K. j’arrête là mon questionnement philosophique.

MAIS FINALEMENT, QU’EST-CE QUE JE VEUX ? Les critères de sélection…

Sur quel critère choisir sa candidate ? « Candidate ! » vous me direz, Bah… oui, le virtuel fait perdre de son charme à cette aventure de la recherche du conjoint… La foi, la piété, etc. me répondrez-vous, évidemment ! Quoique, en a-t-on la même définition ? Rien n’est moins sûr…

Alors concrètement on peut la choisir grâce aux photos, à sa description aussi, ses points d’intérêt (lorsqu’ils sont, pour l’application UneFois par exemple, transférés automatiquement en se connectant depuis son profil FaceBouc). Pas mal…

COMMENT CHOISIR ? Mon cœur a-t-il raison ?

Et là ça se complique, le choix est énorme. La difficulté est peut-être plus grande que dans la réalité puisque l’image qu’on se forge est encore plus loin de la réalité qu’en rencontrant les personnes « en vrai ». On zappe de profil en profil, celui-ci est réclamé par mes hormones, celui-là par mon cœur, l’autre chuchote à mon âme. Bref on n’est pas sorti de l’auberge virtuelle.

ET QUAND ÇA ACCROCHE ENTRE NOUS ?

Ça arrive alors que les profils collent, envoi de messages, de « smileys », la connexion s’établit et là… C’est la déception. La personne répond parfois mais pas toujours, on se prend la main dans le sac à faire la même chose. Trop pressé ? On ne sait plus donner le temps au temps ? c’est bien possible. La quantité folle et l’absence d’engagement dû au virtuel ne vous oblige à rien vous pensez ? Elle répond une fois sur cinq, puis rien. Il réponds entre la lecture d’un mail et l’écriture d’un SMS. Mais bon, heureusement, parfois ça colle ! Ça « crush » comme dit l’application.

COMMENT PASSER DU VIRTUEL AU RÉEL ?

Ça accroche, ça « crush », ça discute. Mais notre chercheur d’âme sœur n’aime pas trop discuter virtuellement. Il idéalise beaucoup, trop certainement. On se monte des films sur notre candidate et finalement ça fait plouf. Il préfère donc rencontrer rapidement la personne, dans un endroit public calme, à partir du moment où ils se correspondent dans les grandes lignes.

LA MAGIE DE LA RENCONTRE ?

Il lui est donc déjà arrivé de franchir toutes ces étapes, jusqu’à la rencontre. Et là, et bien ? Ça ne colle pas, pourquoi ? La fille ne lui convient pas ? Il n’a pas appris à écouter son cœur ? Est-ce dû à cette dimension artificielle du virtuel, qui ne s’ancre pas dans un événement hasardeux, la présentation par un ami, une ambiance ? Une absence de magie de la vie normale, cette magie de tous les jours quoi ? Mystère ! Ce qui est certain, c’est que la magie de l’alchimie amoureuse n’est pas là. Du moins, pas encore. Fin de l’histoire. Mais elle devra se répéter pour aboutir. La vie est faite d’essais et d’erreurs, je veux dire d’apprentissages. Et parfois désagréables, voire douloureux.

Finalement quelle est notre part de responsabilité dans cela ? Car après avoir critiqué, analysé, essayé de comprendre, je ne peux modifier que ce qui est en moi. Quel est mon champ d’action ? Que puis-je faire pour dépasser mes freins ? Quelles sont les peurs que je dois dépasser ? Un véritable travail sur soi est à conduire, avec force et détermination.

EN CONCLUSION… Des bienfaits d’un lien social ‹‹ réel ›› et sain…

Au delà de cette réflexion concernant le travail sur soi, à effectuer pour dépasser ses peurs et grandir, une réflexion sur la société me vient en tête. Est-ce que notre société nous offre les conditions optimales pour nous rencontrer, ou bien contribue-t-elle à l’isolement des individus ? Est-ce que le fameux « lien social » est à la hauteur d’un véritable projet de société ? Comme vous pouvez le constater, mes questions sous-entendent une réponse négative, surtout si l’on zoome sur les problématiques musulmanes. En effet, je m’interroge quand je vois des mariages où hommes et femmes sont complètement séparés, du début jusqu’à la fin, n’est-ce pas dans ce genre d’occasions que se font des connexions entre familles ? Que dire des cours ou des activités, par exemple dans les instituts de sciences islamiques ou d’autres associations, qui posent le non-mélange des femmes et des hommes comme une règle religieuse ?

En conclusion, je vois se dessiner plusieurs types de défis. D’une part celui des individus, celui de la connaissance de soi et du dépassement de ses peurs, auxquels s’ajoutent d’autres part les défis collectifs que sont l’isolement créé par notre société « individualiste », et à l’échelle musulmane un nouvel obstacle, sous prétexte de normativité religieuse, qui prive la société d’espaces où peuvent se faire naturellement des rencontres sociales saines et naturelles. Et je dois avouer, que ces nouveaux moyens d’information et de communication, et la révolution communicationnelle qu’ils ont provoqué dans la société, ne viennent pas faciliter les choses. En effet ces outils sont comme des couteaux dont on ne sait pas encore bien se servir, ils peuvent à la fois nous rendre service tout comme ils peuvent nous couper, facilitant l’isolement, nous faisant croire que nous sommes en communication avec les autres alors que nous restons derrière notre smartphone ou notre ordinateur à fuir la réalité, à fuir la véritable relation, celle qui se construit les yeux dans les yeux.

Puisse Dieu l’Infiniment Sage, nous donner la force et l’amour de franchir ces épreuves d’apprentissage, et trouver l’équilibre entre la Loi, la Voie et l’Amour. Puisse-t-Il également nous aider à construire une société meilleure, plus saine et plus humaine.

POST-SCRIPTUM : quelques chiffres…

Un article intéressant issu de l’Institut national d’études démographiques (INED) : Sites de rencontres : qui les utilise en France ? Qui y trouve son conjoint ?

J’en retiendrai ces quelques lignes :

‹‹ Si les sites de rencontres attirent un public nombreux, ils participent encore peu à la formation des couples. Parmi les personnes ayant rencontré leur partenaire actuel entre 2005 et 2013, moins de 9 % l’ont connu via ce type de service. Cela place les sites en cinquième position dans le palmarès des contextes de rencontre, derrière le lieu de travail, les soirées entre amis, les lieux publics et l’espace domestique (chez soi ou chez d’autres). Contrairement à une idée reçue, les sites de rencontres ne sont pas devenus un mode de rencontre dominant en France à l’exception des couples de même sexe […] ››

A propos de l'auteur

4 commentaires

  1. Oum Aly

    Assalamou alaykoum,

    J’avoue etre profondement decue et choquee par cet article pourtant jusque- la le site me plaisait plutot bien.

    Je ne sais pas si mon commentaire sera publie mais peu importe.

    Je suis quelqu’un de plutot ouverte d’esprit et moderee je n’aime pas les extremismes. On sait qu’il existe differents hadiths ou le prophete (saw) interdit la mixite entre hommes et femmes si elles n’ont pas leurs maharims presents :

    Le Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam, a dit : « L’homme ne doit pas s’isoler avec une femme qui lui est étrangère sauf en présence de l’un de ses Mahrams » (Boukhari, Mouslim).

    « Chaque fois qu’une femme s’isole avec un homme qui ne lui est pas Mahram, le diable est leur troisième compagnon » (Ahmad : Sahih).

    Ces propos ci-dessous sont en totale contradiction avec les paroles du prophete (saw) :

    « En effet, je m’interroge quand je vois des mariages où hommes et femmes sont complètement séparés, du début jusqu’à la fin, n’est-ce pas dans ce genre d’occasions que se font des connexions entre familles ? Que dire des cours ou des activités, par exemple dans les instituts de sciences islamiques ou d’autres associations, qui posent le non-mélange des femmes et des hommes comme une règle religieuse ? »

    « d’autres part les défis collectifs que sont l’isolement créé par notre société « individualiste », et à l’échelle musulmane un nouvel obstacle, sous prétexte de normativité religieuse, qui prive la société d’espaces où peuvent se faire naturellement des rencontres sociales saines et naturelles. »

    Je trouve cela vraiment choquant car on doit avoir foi en la parole du prophete (saw) et d’Allah (swt). Ce n’est pas parce que l’on ne comprend une chose qu’il faille remettre en question sa legitimite et son bien fonde.

    Il y a des solutions pour se marier tout en respectant les lois etablies par Allah (swt), on peut passer par des amies, la famille, des collegues ou alors les mosquees. Au lieu de tomber dans le piege des sites de rencontres qui encouragent la mixite et peuvent nous faire tomber la fornication si on se fait pieger. On ferait mieux de trouver des solutions halal pour faciliter le mariage. Quand on cherche des solutions on finit par les trouver. Les mosquees ont un grand role a jouer, il devrait y avoir des services matrimoniaux professionnels et bien geres par exemple.

    On est musulman, on doit suivre le coran et la sounna pour etre bien guide et ne pas se laisser guider par nos passions, nos faiblesses, notre ego… quand on est face a une difficulte et que la solution de facilite est alors de remettre en question des principes islamiques legiferes pour finalement faire ce qui nous arrange.

    Je voulais vous faire part de mon ressenti apres avoir lu cet article qui a mon sens n’aurait pas du etre publie.

    Réponse
    • Amel Rachem

      Alaykoum salam,

      Je comprends que vous puissiez être destabilisée par ce post qui n’est pas un article mais un témoignage. Il nous semble important de mettre en lumière ce genre de ressentis qu’exprime un frère sur sa difficulté à se marier. Aussi ce partage d’expériences ne doit pas être interprêté tel un avis religieux ou une position religieuse et ce encore moins de notre part. Ahly parle des problématiques vécus au sein de notre oumma et la question du célibat est devenu un réel fléau. Et oui il existe des solutions « halal » pour se rencontrer et nous les mettons en avant quand il en est question.
      Barakallahofiki Oum Aly

      Réponse
  2. Oum Aly

    Assalamou alaykoum,

    Je comprends qu’il soit important de donner la parole aux personnes pour qu’elles expriment leur mal etre mais quand elles disent des choses en opposition avec l’islam il me semble important d’intervenir pour recadrer les choses par exemple ecrire un article a la suite du temoignage dans ce but. En n’intervenant pas et en laissant le temoignage tel quel cela sous-entend que vous etes d’accord avec son contenu ce qui ne me semble pas acceptable.
    Si par exemple une personne celibataire exprime ses craintes du divorce a cause de tous ces couples qui rencontrent des difficultes et se justifient ainsi pour legitimer son choix d’avoir une relation platonique avec un (e) petit (e) ami (e) pour s’assurer de bien le/la connaitre avant le mariage, peut-on accepter un tel temoignage sans recadrement?

    C’est bien de donner la parole car beaucoup d’autres personnes peuvent s’y retrouver mais quand la personne dit des choses incorrectes c’est important d’intervenir pour ne pas contribuer a l’egarement de vos lecteurs/lectrices pour etre tentes de faire de meme. Votre responsabilite est engagee a chaque fois que vous faites le choix de publier un article, un temoignage… il ne faut pas l’oublier.

    Barakallaoufik

    Réponse
  3. Samra

    Salam Aleikoum

    Je ne recommanderai pas les sites de rencontres. Pour deux raisons, la première c’est que la majorité (je ne dit pas tous) ne recherchent pas le mariage halal mais à passer du bon temps.

    La deuxième raison, même si deux personnes s’accordent, il faut reconnaitre qu’il est rare que la rencontre et la suite se fasse dans le cadre légale des règles islamiques: les deux tourtereaux se rencontrent seuls, si le courant passe l’amour s’en mêle, et les actes s’ensuivent et sans que la relation soit officialisée nulle part, les parents ne sont pas au courant, etc… Les dérives sont plus nombreuses que les bienfaits!

    Mais bon, effectivement il faut se mettre à la place des célibataires qui souffrent de la solitude seul celui qui le vit (ou l’a vécu) peut comprendre à quel point c’est épreuve difficile. Il est aisé dans ces cas là de songer à se tourner vers les sites de rencontres… avec des pincettes et beaucoup de précautions cependant!

    Qu’Allah vous bénisse

    Réponse

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *