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Pourquoi existent-ils des tabous au sein de notre oumma ?

Pourquoi existent-ils des tabous au sein de notre oumma ?

Par Siham TOUIL

Article tiré du numéro 12 d’Ahly

Ce n’est un mystère pour personne, il y a au sein de notre oumma bon nombre de tabous. Des sujets dont on ne parle pas, les étiquetant parfois même de « haram » à raison, peut-être, mais souvent à tort également. Sur eux, se trouve un panneau de sens interdit afin de ne pas les aborder. On sait qu’ils sont, mais on se tait, ce qui est loin d’être la meilleure chose car ils nous concernent. Dès lors, face à elle, notre communauté a une véritable boîte de non-dits.

Pudeur par ci, pudeur par là

Dans le Coran, dans la Sunna, les sourates et les hadiths évoquent les comportements pudiques à adopter et en les adoptant cela doit en principe apporter le respect en retour. Ces comportements concernent les femmes tout comme les hommes. La pudeur est très importante. Cependant, elle est trop souvent mal utilisée, interprétée de façon erronée par les Musulmans. En son nom, on préfère mettre de côté certaines discussions. Des vérités sont ignorées et des problématiques sont absentes des débats dans la oumma. Cette dernière se retrouve alors complètement hors jeu ! Et malheureusement, pendant ce temps, le monde continue à vivre, la planète continue à tourner… mais sans les Musulmans, eux qui pourraient pourtant prendre la parole et s’exprimer. Si on interroge un croyant sur un sujet étiqueté comme tabou, en retour il y aura un silence, une gêne, des bégaiements. La pudeur s’est transformée en véritable honte de discuter. Par ailleurs, il faut souvent assister à une conférence afin d’entendre parler de sujets tabous, laissant alors le soin aux conférenciers de prononcer les mots qui gênent. Et en tentant de faire l’inventaire de ces sujets interdits, on se rend compte qu’ils sont variés, touchant à tous les domaines.

Une liste de tabous longue comme le bras

Il y a des dizaines d’années, la question du racisme pour les premières générations d’immigrés de confession musulmane était très sensible, dans une France que les « anciens » comptaient quitter après quelques années, avant de finalement y rester définitivement. Quand ils en étaient victimes, demander des comptes n’était pas une évidence, en cause : la peur. Les années passent, l’islamophobie a pris les commandes. La nouvelle génération de Musulmans prend les devants pour se défendre lorsque des actes islamophobes sont avérés. Ce que les « anciens » peuvent préférer éviter, pour ne pas se faire remarquer, gardant la mentalité de leurs premières années en France. Alors à l’entourage, ils disent « restons discrets, ne cherchons pas les problèmes ». Dans un tout autre registre, au sein des familles de la oumma, on ne prépare pas assez au mariage. Il n’y a pas de formation pour être un époux ou une épouse c’est une évidence. Mais présenter les hauts et les bas que l’on peut rencontrer dans une union maritale aiderait l’être humain à mieux réussir son mariage. Tout comme pour se préserver du divorce et comprendre sa sexualité. Plus préoccupant encore, le suicide n’est pas abordé. On le sait interdit en Islam mais le suicide a déjà effleuré les esprits de croyants dans des périodes de faiblesse. Et si on mettait aussi en lumière les effets néfastes et destructeurs du tabac, de la drogue, de l’alcool… Le caractère illicite met une croix sur leur existence dans les esprits des membres de la oumma, si seulement… Le SIDA s’ajoute aussi à cette liste tandis que là encore, cela touche la communauté musulmane, notamment en Afrique et dans les pays du Proche et Moyen-Orient. Le viol, l’inceste, l’avortement… Tous ces phénomènes bien qu’illicites existent bien. Quant à l’éducation des enfants, elle n’est pas épargnée non plus par les tabous.

Education prise en otage au nom des tabous !

L’éducation est une pièce maîtresse dans la construction et l’épanouissement de l’enfant. Elle l’accompagne et lui permet d’avoir toutes les cartes en main pour comprendre son environnement, à la lumière des valeurs de l’Islam. Pourtant les parents se censurent malgré que les questions même intimes soient légitimes pour se les poser et y répondre surtout. Des discussions sont évitées tandis qu’elles pourraient contribuer à expliquer bien des choses incluses dans le monde dans lequel évolue l’enfant. La conséquence est que l’enfant se retrouve seul, sans réponse à ses interrogations. Dans le meilleur des cas, il trouvera plus de détails dans ses cours de SVT s’il s’agit de sexualité. Dans le pire des cas, il ou elle pourrait devenir père ou tomber enceinte dans une relation hors mariage en pleine adolescence ! Découvrant par la même occasion comment eux-mêmes ont été conçus et mis au monde. L’enfant apprendra ce qu’est un préservatif en voyant un distributeur devant une pharmacie et comprendra la signification de l’acronyme SIDA ou d’autres maladies sexuellement transmissibles à la télévision. La jeune adolescente comprendra le sens du mot « menstrues » dans un magasin au rayon des serviettes hygiéniques. Merci alors à Nana, Always et consorts. Le but de la pilule sera aussi inexpliqué. Quant au fait de ressentir des sentiments, du désir pour une personne du sexe opposé, elle voudra savoir si cela est bien ou mal et autorisé. On sait les relations hors mariage prohibées par la religion mais sans explication, c’est laisser l’enfant dans le flou.

Allô parents, êtes-vous là ?!

Le constat est sans appel : si les parents ne jouent pas le rôle de formateur à l’école de la vie alors leurs enfants auront des réponses brutales voire même vulgaires, violentes à leurs questions, loin de la douceur de l’Islam. Il est audible que des parents puissent être mal à l’aise à l’idée d’aborder tel thème ou tel autre sujet. Ce rôle que doivent jouer les parents est trop important pour être laissé à d’autres qui éloigneront certainement nos enfants de l’Islam. Ce sont leurs progénitures ! At-Tirmidhi rapporte une parole du Prophète (que la paix et la bénédiction soit sur lui) montrant la valeur de ce cadeau qu’est une éducation donnée :
« Jamais un père n’a fait à son enfant meilleur présent qu’une bonne éducation ».
En l’absence parentale, les enfants sont livrés à la société et notamment à Internet. Une toile où il y a à boire et à manger mais surtout de quoi heurter la sensibilité. Les parents sont les accompagnateurs des enfants dans leur cheminement vers l’adolescence ainsi que vers l’âge adulte. Dans notre religion, l’enjeu est double puisque l’éducation aide l’enfant à forger sa personnalité et sa manière de penser en tant que croyant musulman. Voici un hadith rapporté par Ibn Maja :
« Honorez vos enfants en accordant beaucoup d’attention à leur éducation ».
L’éducation apparaît comme un cadeau à offrir aux enfants. Elle est même un héritage qui doit être sans dissimulation. La sincérité, la transparence servent la pédagogie.

Dans notre dossier, ce sont justement de ces tabous qui hantent l’éducation des enfants au sein de notre oumma dont nous voulions vous parler. Parce qu’en tant qu’adultes, en tant que parents, la responsabilité de leur éducation est bien trop grande pour passer à côté. En raison d’une pudeur mal interprétée et d’une honte trop présente, des informations importantes sont cachées à nos enfants. Ce qui n’est pas pour leur rendre service et envisager leur avenir !

A propos de l'auteur

1 commentaire

  1. Abdullah

    Barakallahou fik pour cet article. C’est très important de casser ces tabous. Il est vrai que l’on est pas du tout préparé au mariage et à l’éducation des enfants.
    Il y a beaucoup de tabous qui n’existaeient pas auparavant car kes musulmans étaient des chercheurs et non des suiveurs sans réfléchir.

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