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Comment protéger son enfant des abus sexuels ?

Comment protéger son enfant des abus sexuels ?

 

Pourquoi aborder un sujet aussi triste ?

La prévention contre les abus sexuels est un sujet bien triste, qui incontestablement nous met tous très mal à l’aise. Néanmoins, c’est une problématique extrêmement importante, qui devrait être au centre de nos réflexions et au cœur de nos préoccupations, autant dans les cercles familiaux que dans les sphères associatives.
Il est vrai que la sexualité, quand elle est partagée entre deux personnes qui s’aiment et se respectent, est une merveilleuse aventure, mais elle peut aussi avoir malheureusement une face cachée, violente, sombre… et l’abus sexuel à l’encontre des enfants en fait tristement partie !
Le nombre grandissant d’attouchements sexuels dans la communauté musulmane et l’énorme souffrance générée par les victimes, nous ont convaincus de l’urgence de proposer ce volet sur la prévention de l’exploitation sexuelle. Le but étant d’accompagner les parents à aborder ce sujet extrêmement délicat en famille, afin d’apprendre à tous les enfants à reconnaître les gestes sexuels abusifs venant de qui que ce soit, parents et amis inclus, et à s’en protéger.
Pour un enfant, l’abus sexuel est une idée très vague. Il ne peut s’en méfier instinctivement parce qu’il ne sait pas d’emblée ce que c’est. Il n’y pas de sonnerie ni d’alarme pour le prévenir qu’il a croisé un danger. Il faut donc lui donner explicitement des outils de prudence et de vigilance. C’est un peu comme le faire vacciner : cela ne l’empêche pas d’être en contact avec le virus, mais cela lui permettra d’y résister et d’éviter son action.

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Y-a-t-il aussi des pédophiles parmi les musulmans ?

Le tabou institutionnalisé chez certains groupes culturels et/ou religieux donne une dramatique illusion : les sollicitations sexuelles, les attouchements sur enfants, les abus, les viols et l’inceste n’existent pas par principe dans les familles de sensibilité musulmane ! Attention à l’amalgame entre l’Islam, spiritualité de paix et d’équilibre, et les porteurs de cette religion, êtres humains faillibles, avec leurs qualités et parfois leurs perversions.
Malheureusement, le silence communautaire imposé par les adultes et le « quand dira-t-on » hérité, incitent les manipulateurs en tout genre à la récidive et empirent considérablement la détresse des victimes.
Oui, il existe effectivement des prédateurs au sein de la communauté musulmane, comme il en existe aussi dans d’autres groupes religieux. Ces agresseurs ressemblent souvent à Mr Tout le Monde et inspirent un grand respect. Raison de plus pour donner aux enfants des outils de discernement afin qu’ils se protègent des abus, qu’ils viennent de gens dits « religieux » ou non pratiquants.

Ça ne va pas choquer l’enfant si on parle d’abus sexuel ?

Comment parler explicitement des abus sexuels sans choquer les enfants et sans développer chez eux une paranoïa ou une peur des adultes (et en particulier du sexe opposé) ? Voilà une question que les parents se posent souvent.
Tout d’abord, il est très important de leur parler de la sexualité de façon générale et surtout positive avant d’entamer toute discussion sur les agressions sexuelles. « Ton corps de petite fille ou de petit garçon est beau ! », « La sexualité, c’est quelque-chose de merveilleux entre deux grandes personnes qui s’aiment, se respectent et qui le veulent tous les deux », etc.
La prévention des abus sexuels doit absolument être intégrée dans une démarche éducative globale. En effet, c’est en ayant été renseigné au préalable sur l’anatomie ou encore sur l’arrivée des bébés que les enfants pourront acquérir un vocabulaire sexuel et ainsi décrire une éventuelle sollicitation d’un pervers.
Autre élément à souligner : par principe, il vaut mieux éviter de mentir aux enfants… mais attention cela n’équivaut pas à tout leur dire, toujours ! Dans certains cas, il est préférable de ne pas leur décrire jusqu’où peut aller l’horreur (ex : Affaire Dutroux).
Enfin, les explications concernant les abus sexuels doivent également être données avec une voix calme et rassurante. Évitez la surprotection ou de manifester une inquiétude trop excessive. Elles peuvent perturber l’enfant qui en cas d’abus, préférera se taire plutôt que de faire paniquer ses parents. Plus vous montrerez de l’assurance et du calme, plus vous lui en insufflerez.

Quand discuter avec lui de ces choses-là ?

Pour que l’enfant soit capable de reconnaître un abus sexuel et de s’en défendre, il doit avoir été, au jour le jour, aidé et encouragé à faire respecter son corps et son intimité. Il est préférable que les informations sur la prévention soient données à des moments propices et en rapport avec la vie quotidienne.
Quelques exemples :
– Entre trois et cinq ans, les enfants commencent à revendiquer leur intimité et veulent par exemple prendre leur bain tout seul. Ne vous moquez surtout pas de votre petit s’il refuse de se montrer nu (même s’il est du même sexe que vous !). Saisissez plutôt cette occasion pour bien expliquer que vous comprenez sa pudeur et que sa réaction est positive, parce qu’effectivement son corps n’appartient qu’à lui.

– D’un point de vue général, pour respecter la pudeur de chacun, mettez des limites claires entre les membres de la famille : par exemple, on frappe avant d’entrer dans la chambre de quelqu’un si la porte est fermée ou encore, personne ne se ballade complètement déshabillé à la maison.

– Devant certaines questions enfantines, soyez le plus pondéré possible, même si elles vous renvoient indirectement à votre sexualité d’adulte. Par exemple, il peut arriver qu’un enfant de 3 ou 4 ans veuille innocemment toucher ou voir les organes génitaux de la maman ou du papa. Repoussez simplement sa main et expliquez-lui de façon calme et rassurante que ces zones n’appartiennent qu’à soi, que vous ne pouvez pas les lui montrer par pudeur et que lui non plus, n’a pas à laisser quelqu’un voir ou toucher ses parties intimes s’il ne le souhaite pas.

– Il arrive aussi qu’une petite fille affirme naïvement qu’un jour « elle se mariera avec papa ! ». C’est le fameux complexe d’Oedipe. C’est un bon moment pour parler de l’inceste. Soyez calme et formel : « Non, jamais vous ne vous marierez, ton papa est mon mari à moi. Quand tu seras plus grande, toi aussi tu rencontreras un homme, qui deviendra ton amoureux et avec qui te marieras ». Lorsque cette interdiction est expliquée assez tôt, la petite fille comprend qu’elle n’a pas le droit d’être l’amoureuse de son papa et que lui non plus n’a pas le droit de se comporter comme un amoureux avec elle.

On peut ensuite rajouter d’autres informations en expliquant que malheureusement, il arrive que des parents ou des grandes personnes se conduisent avec les enfants comme si ceux-ci étaient des adultes (en faisant par exemple des « jeux » sexuels avec eux). Il faut alors bien leur préciser que ce n’est pas normal, que c’est très grave et que c’est condamné par la loi.

– Il peut y avoir d’autres occasions intéressantes pour parler des abus sexuels : une information reçue à l’école, la lecture d’un livre, un événement à la télé, etc.

– Enfin, si votre petit vous raconte une histoire à propos d’un ami, affirmez sans tarder que cela n’était pas la faute de l’enfant. Il se sentira en confiance et verra que vous êtes tout à fait disposé à recevoir ce genre de confidences si ça devait lui arriver.

J’ai entendu parlé de 4 sortes de prédateurs…

Souvent, nous imaginons le pédophile comme étant un inconnu à l’air bizarre et franchement pervers, vêtu d’un imperméable beige et à l’affût visible d’une proie enfantine. La plupart du temps, les prédateurs paraissent bien au contraire très sympathiques et se trouvent malheureusement au sein de la famille ou parmi les proches. Par conséquent, ces agresseurs sont en général aimés des petites victimes (d’où la complexité pour l’enfant de comprendre ce qui lui arrive).

Le prédateur familial :
La très grande majorité des abus sexuels commis sur des enfants surviennent à l’intérieur de la famille. Le cas d’inceste le plus répandu concerne les petites filles d’une dizaine d’années, ainsi que les relations père/fille ou beau-père/belle-fille. La plupart du temps, l’homme ressemble à Mr Tout le Monde ; il est apprécié par tous et est souvent à cheval sur les principes.
Ceci étant dit, surtout que les pères restent « câlins » ! Beaucoup d’hommes en effet, se sentent très mal à l’aise par les discussions sur les agressions sexuelles d’enfants. Certains ont le sentiment d’être observé par leur entourage, au point de ne plus savoir comment se comporter avec leur petit. Ces craintes ne doivent absolument pas vous conduire à priver vos enfants de votre tendresse. Les limites vous les connaissez, vous les avez définies clairement en famille, laissez donc place aux tendres bisous et aux embrassades chaleureuses ! Ces contacts sont en effet, très importants pour la construction de l’enfant.
Pour les mamans : ouvrez l’oeil, mais restez zen ! Certes, il existe aussi des femmes qui abusent sexuellement des enfants, mais cela reste très exceptionnel. Du coup, la méfiance est plus souvent dirigée vers les hommes. Il est néanmoins important de rappeler que même si on en parle beaucoup, seule une minorité d’hommes profitent de l’innocence des petits pour assouvir leur libido perverse. Expliquez le plus clairement possible les limites et les dangers à votre enfant, soyez vigilantes, mais gardez-vous de soupçonner maladivement tous les hommes.

Le prédateur « ami » :
Il y a aussi des prédateurs qui paraissent très gentils et qui s’occupent parfois de nos enfants. Ça peut être un entraîneur de foot ou un animateur. Ils sont en général très sympathiques, disponibles et suivent avec enthousiasme les progrès des petits. Ils ressemblent à des êtres parfaits et il n’est pas rare qu’ils envoûtent d’abord les parents… particulièrement les mères célibataires qui voient en eux la figure paternelle dont l’enfant a besoin.

Le prédateur inconnu :
C’est un homme que l’enfant n’a pas l’habitude de voir et qui n’a pas l’air bien méchant. Il est particulièrement dangereux parce qu’il pose des pièges très attirants pour les petits. Il peut par exemple, être ce vieux monsieur très triste parce qu’il a perdu son chat ou ce jeune homme super cool qui possède de beaux jouets.

Le prédateur virtuel :
Internet est un monde qui peut être génial pour les enfants, on y trouve un tas de jeux et beaucoup d’informations, mais il peut aussi être un lieu très dangereux, car des prédateurs cachés derrière leur écran peuvent mentir sur leur identité et sur leurs intentions ! Pour vous aider à les éviter et à tirer le meilleur parti des nouvelles technologies, le site www.e-enfance.org est une référence en matière de protection des mineurs sur Internet, vous y trouverez des conseils simples et de nombreuses ressources pédagogiques, pour ne garder que le meilleur de la toile.

Pourquoi et comment l’enfant victime s’enferme-t-il dans le silence ?

Aussi pénible que ce soit, pour comprendre le silence de la petite victime, il faut revenir sur les étapes classiques de l’abus sexuel.

Tout d’abord, rappelons que n’importe quel enfant peut être piégé par un prédateur. Cependant, certains petits sont plus vulnérables que d’autres : en particulier les enfants qui manquent d’affection ou bien encore ceux qui vivent dans un milieu où il n’y a aucun échange sur la sexualité.
L’agresseur va alors exploiter la fragilité de l’enfant en étant gentil avec lui : il lui fera comprendre qu’il a toute son attention. Le petit est alors heureux de ces marques d’affection, il se croit aimé et important.

L’adulte va ensuite l’inviter à lui toucher ses parties intimes et à le caresser. S’il a plus de 5 ans, l’enfant est mal à l’aise, il sait au fond de lui que ce n’est pas bien. Ensuite, le prédateur achète ce secret en le récompensant. L’enfant est alors confus, malheureux, il se sent honteux et la plupart du temps très coupable. Pour finir, l’adulte peut menacer sa victime et lui faire du chantage. Le petit se sent alors complètement pris au piège.

Quand il s’agit d’un proche (le plus souvent !), il est en plus tiraillé entre les mauvais comportements de son agresseur qu’il déteste et l’affection qu’il a pour lui. Plus insupportable encore, l’enfant victime tentera la plupart du temps de se taire pour sauvegarder l’équilibre familial et ainsi éviter l’emprisonnement du père ou encore la séparation des parents. Il est d’autant plus perturbé que souvent, l’agresseur, pour maintenir l’enfant sous son emprise, lui fera croire qu’il y consent : « Tu m’as provoqué », « C’est toi qui le voulais ». L’enfant se laissera alors convaincre que c’est lui le coupable, qu’il sera rejeté et puni si le secret était dévoilé.

Voilà pourquoi il est d’une importance capitale que les petites filles et les petits garçons sachent qu’ils peuvent et qu’ils doivent parler librement des faits entourant la sexualité, sans que cela fasse paniquer les parents.amira_nassi2

Pour conclure, rappelons que la prévention des abus sexuels est un sujet extrêmement délicat et un véritable défi. Il s’agit en effet d’informer les enfants, sans casser la crédibilité de tous les adultes qui s’occupent d’eux. C’est pour cette raison que la protection de la jeunesse est notre affaire à tous et elle est essentielle… car un enfant bien renseigné sur les exploitations sexuelles a plus de chances de ne pas devenir une victime.

Amira NASSI – Conseillère conjugale et sexologue, travaille en faveur de l’éducation affective et sexuelle au sein de la communauté musulmane, depuis plusieurs années.
Site Internet : www.quelquesmotsdelintime.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/amira.nassi1

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A propos de l'auteur

4 commentaires

  1. oum

    Slm aleykum ayant vécu sa à l âge de 5 ans durant un an par une voisine musulmane je me permet de témoigner en effet sa change une vie maintenant je suis épouse et mère de famille et je vis avec difficilement je fais croire à tout le monde que tout sa est loin devant moi mais c faux il n y a pas un jour ou je n y ai pas pensé et le peu de considération de cet événement par mes proches et encore plus douloureux alors un conseil au mère qui ont un enfant qui a vécu sa prenez le temp d en parlez avec lui n en faite pas un tabou et que Dieu nous facilite amine

    Réponse
    • Sarah

      As salam aleikoum, oum merci pour ton témoignage et je souhaite du fond du cœur que toute ta souffrance parte in sha allah, que dieu te facilite amine, j’espère que ta voisine a été punie, car bien souvent un prédateur ne s’en prend pas qu’à une victime..
      Merci au magazine Ahly pour son sérieux et ses articles de qualités Ma sha allah.
      Barak allah oufik Sarah

      Réponse
  2. Siham

    Salam aleikoum
    J ai failli me marier avec un prédateur, el hemdoulileh Allah m a ouvert les yeux sur sa véritable personnalité, j avais quelques doutes et un jour il m a prêté son ordinateur et la j ai découvert son côté obscur….

    Je ne l ai dit à personne, le pire c’est qu il a une Nièce de 3 ans, je n arrête pas de penser à elle j ai sensibiliser leur famille mais ils ont dit que j avais inventé.

    Alors oui il existe dans notre communauté, de bons musulman bien sous tout rapport. Ce n est pas parce qu il porte la barbe et fait la prière parle d islam que ce genre de pervers n existe pas. Faites attention à vos enfants mes soeurs.

    Réponse
  3. key

    Oui on a tord de croire que parce qu ‘on est musulman, cela nous préserve, qu ‘on est immunisé bien au contraire. Comme le dit très bien ce proverbe : l ‘ habit ne fait pas le moine.

    Qu ‘Allah nous préserve de ces troubles courage a tous les personnes qui ont vécut ce trouble

    Réponse

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